Voices in my head, avis et chronique de jeu

Guy a volé une banque et comble du malheur pour lui, il s’est fait prendre. Nous nous retrouvons tous ensemble en cour lors de son procès, alors que nous tentons d’influencer ses décisions en “jouant” dans sa tête. Nous représentons ses traits de personnalité. Le procureur réussira-t-il à le faire condamner? Guy pourra-t-il convaincre le jury de son innocence? Pour le savoir, il faut tenter l’expérience Voices in my head!

Voices in my head
Auteur: Corey Konieczka;
Illustrateurs: David Ardila, George Doutsiopoulos ;
Éditeur: Unexpected Games;
Distributeur: Asmodee;
Nombre de joueurs: 3 à 6 joueurs;
Durée: 60-120 minutes;
À partir de: 12+ ans ;
Thématiques: Justice, prise de décision, influence;
Mécaniques: Jeu de majorité, de rôle caché, de glissement de jetons.

Voices in my head
Montage Meeple Qc

C’est quoi le but du jeu?

Dans Voices in my head, le but de chaque joueur sera différent. Tous auront un objectif personnel à tenter d’accomplir. Celui qui incarne le procureur aura à tenter de faire comdamner Guy alors que les autres auront des objectifs plus variés et surtout secrets. Essentiellement, ces derniers seront en lien avec l’opinion finale des jurés.

Voices in my head
Exemple de carte objectif: le joueur doit s’assurer qu’au moins deux couples de jurés croient en l’innocence de Guy en plus de contrôler la Parole et les Habiletés motrices.
Photo Meeple Qc

Comment on joue à Voices in my head?

Pour jouer une partie de Voices in my head, un des joueurs doit incarner le procureur et les autres, des traits de personnalité de Guy appelés “Personna” dans le jeu. Il est possible de sélectionner le procureur au hasard ou de carrément le choisir. Ce dernier aura une fonction dans le jeu complètement différente. Une fois cela déterminé, chaque joueur reçoit alors un ensemble de jetons et un poussoir. Le procureur doit prendre son paravent, une carte de Début de procès et ses cartes Stage 1 et 2.

Le procureur aura à lire les informations présentes sur la carte Début de procès, faire une petite mise en place derrière son paravent et choisir une carte Stage 1 qu’il glissera partiellement sous ce dernier.

Voices in my head
Mise en place du procureur
Photo de l’éditeur

À partir de l’information dévoilée par le procureur sous le tableau, les joueurs tentent ensuite de prendre le contrôle de certaines zones du cerveau de Guy. Pour ce faire, ils doivent pousser un de leur jetons sur la planchette Cerveau vers une des 5 régions possibles: Habilités motrices, Instinct, Parole, Observation et Planification. La section Planification sert à obtenir des cartes Stratégies tandis que les autres servent vraiment à contrôler le pauvre Guy. Les joueurs disposent de 8 jetons, soit un par tour de jeu. Un chiffre de 1 à 3 se trouve sur chacun d’eux et c’est le total des chiffres sur les jetons d’une même couleur qui détermine qui a le contrôle de la zone.

Une fois cette étape passée, le procureur lit le narratif de l’histoire et propose des choix au joueur qui contrôle la zone concernée. Les décisions prises auront comme effet d’influencer les jurés par le biais des jetons Influence, que ce soit positivement ou négativement. Et on ne connait pas toujours leurs intentions…

Voices in my head
Les jetons en cours de partie
Photo Meeple Qc

Ok, et le jeu se termine quand?

Une partie de Voices in my head prend fin après 8 tours de jeu. Le procureur lira le verso de la carte Procès, puis les joueurs devront découvrir l’opinion des jurés en retournant les jetons Influence et en retirant les paires Coupable/ Innocent.

Une fois les jurés décidés, les joueurs peuvent valider leur objectif personnel. Tous les joueurs qui ont réussi à remplir les exigences sont considérés comme vainqueurs. Il peut donc y avoir plusieurs gagnants dont le procureur et des joueurs.

Voices in my head
Le plateau en fin de partie
Photo Meeple Qc

C’est tout?

Voices in my head prévoit une petite variante question de corser un peu le jeu. Les jetons qui sont poussés sur la planchette sont marqués avec des émotions. Selon l’émotion identifiée, des actions bonies sont possibles. Par exemple, un jeton Colère permet de détruire le jeton d’un joueur qui n’a pas encore joué son tour et qui se trouve sur la même zone.

C’est une belle ouverture aux coups bas et aux tentatives de prendre le dessus sur les autres joueurs pour maîtriser les influences.

Il est aussi à noter qu’un joueur a conçu une version à deux joueurs avec un automa disponible gratuitement sur Boardgame Geek.

Voices in my head
Les jetons émotions
Phot Meeple Qc

Ce que j’en pense de Voices in my head?

Quand j’ai vu la boite de jeu pour la première fois, je suis demeurée perplexe. Si le nom du jeu concordait plutôt bien avec l’image, je ne voyais pas vraiment comment j’allais pouvoir jouer avec ce concept. Toutefois, j’ai vite été confondue et il n’y a pas à dire, c’est une mission réussie! Et la boite devient rapidement fascinante à regarder, car on retrouve les personnages illustrant les objectifs personnels des “Personnas” qui gravitent autour de la tête de Guy. Les jurés représentés sont inclus dans le jeu et la juge se demande vraiment ce qui se passe dans sa salle d’audience.

En ouvrant la boite, j’ai constaté avec plaisir que des composantes en 3D sont présentes. Puis, j’ai trouvé un superbe livret de règles. Ce dernier est à la fois bien conçu, bien illustré et il offre un visuel original. On se croirait vraiment dans le cartable de notes d’un avocat avec des éléments surlignés en jaune, des feuillets intercalés et des onglets séparateurs. De plus, le guide de référence rapide situé sur la dernière page est bien utile au début de la partie. Je dois aussi mentionner que pour les joueurs qui détestent lire les règles, un tutoriel vraiment complet est disponible sur le site de Unexpected Games. Mais soyez sans craintes, vous n’aurez pas mal à la tête en les lisant, si vous faites ce choix.

Des illustrations vraiment très belles!

Les diverses illustrations sur les cartes sont jolies. J’ai beaucoup aimé le côté un peu “cartoon” des cartes Stratégie et Objectif. Pour sa part, le plateau de jeu est particulièrement bien conçu. L’espace dédié aux jurés est amplement suffisant. D’ailleurs, j’ai trouvé rigolo les préjugés qu’on devine en regardant les illustrations des paires de jurés. La grimace des jurés au jugement hâtif et l’air un peu déglingué des distraits les rend attachants.

Je dois avouer avoir eu beaucoup de plaisir avec les jetons sur les structures en 3D. C’est agréable comme méthode pour prendre le contrôle d’une zone de l’esprit de Guy et cela ajout un peu de compétitivité entre les joueurs. On tente de se faire des coups un peu chiens pour prendre le dessus et parfois, on dirait que les jetons ne coopèrent pas!

Voices in my head
Belle tentative échouée de faire tomber un jeton!
Photo Meeple Qc

Le matériel prévu pour le procureur apporte une belle immersion dans la thématique. On sent qu’il y a une barrière physique entre les joueurs et lui. On sent ainsi son détachement face à l’accusé. C’est un bel ajout!

La manière dont Guy est rendu sur le plateau est très originale. J’ai vraiment eu l’impression de lui jouer dans la tête en déplaçant mes jetons de son cerveau vers une zone de contrôle. Les plaquettes en plastique en 3D qui permettent ce genre de déplacement sont bien conçues et plus solides qu’il n’y parait. Bon, je ne laisserais pas mes enfants les manipuler, mais j’ai confiance en leur pérennité si elles sont traitées par des adultes qui maitrisent leur force.

Les aides de jeu sont bien utiles lors des premiers tours, lorsqu’on joue à la version de base. Toutefois, elles prennent tout leur sens lorsqu’on intègre la variante avec les émotions. On veut vraiment l’avoir à portée de main!

Que dire de la rejouabilité de Voices in my head?

Le jeu offre une belle rejouabilité. Comme plusieurs scénarios sont proposés et que le procureur choisi à chaque tour quelle sera la carte en jeu, il est peu probable que deux parties identiques soient jouées. Toutefois, si le jeu sort souvent avec le même groupe, il n’est pas impossible que certaines cartes finissent par être apprises par coeur et que cela teinte les réponses des joueurs. Il faut donc varier le rôle du procureur pour s’assurer de prolonger la longévité du jeu.

Le plus gros point positif de Voices in my head est, à mon avis, l’ambiance lors des parties. Comme une certaine trame narrative est présente et que le procureur en a la charge, si ce dernier prend la peine de jouer son rôle avec passion, l’ambiance devient vraiment très agréable. On sent la “vibe” de la cour, tout en conservant un beau facteur plaisir.

Son principal défaut, quant à lui, vient du fait qu’une partie à trois joueurs manque un peu de saveur. Comme un des joueurs incarne le procureur, les deux autres joueront assurément avec des objectifs opposés et cela peut être moins excitant. Cela dit, à partir de quatre joueurs, le plaisir est totalement au rendez-vous!

Comme les joueurs ont tous un rôle caché dans Voices in my head, chacun joue en fonction de son objectif personnel. Tout le monde tire discrètement la couverte de son côté pour influencer le jury. Cela donne parfois des moments rigolos. J’ai souvenir d’une partie pendant laquelle le pauvre Guy s’est vu avouer que le témoin est sa copine et ainsi s’incriminer, car le joueur en contrôle avait besoin de davantage de jetons Coupable. Je dois toutefois admettre qu’il y a une petite inégalité dans le niveau de difficulté des cartes Objectif et que certaines sont vraiment plus difficiles que les autres.

On peut y jouer avec qui à Voices in my head?

Ce jeu n’est pas vraiment conçu pour être joué par des enfants, mais la suggestion de 12 ans et plus m’apparaît fort raisonnable . Avec Voices in my head, on recherche un public de joueurs ayant un minimum d’expérience, sans avoir affaire à des joueurs experts. La mécanique à rôle caché demande une certaine subtilité. Les glissements de jetons nécessitent aussi une certaine dextérité. Cela dit, plus que tout, il est nécessaire que les joueurs maitrisent l’anglais, car ce jeu est présentement disponible uniquement dans la langue de Shakespeare.

Les interactions sont bien présentes dans Voices in my head, car les joueurs contrecarrent les plans des autres en tentant de pousser leurs jetons en bas de la structure 3D. De plus, certaines cartes permettent de donner des avantages à un autre joueur, alors il faut être bien attentif aux actions de chacun. On peut donc sortir ce jeu à presque tous les moments. Je me verrais bien commencer, prolonger ou terminer une soirée avec Voices in my head. De plus, il y a fort à parier qu’une deuxième partie risque de suivre la première…

La thématique de ce jeu est vraiment très bien sentie. On se sent vraiment immergés dans l’univers proposé. La cour de justice est très bien représentée, les jurés sont présents, on sent que Guy est dans l’eau chaude au banc des accusés et c’est parfait ainsi. Nous avons affaire à un jeu qui se joue très bien et qui est très agréable.

Bref, si vous aimez les jeux où l’on sent la thématique d’une cour de justice et où l’on joue dans l’esprit d’un accusé, alors Voices in my head est pour vous!

Voices in my head
Montage Meeple Qc

On aime:

– Le look de la boîte intrigant et les illustrations rigolotes;
– Les règles du jeu simples et bien illustrées;
– Le matériel d’excellente qualité;
– La re jouabilité qui est super si on varie les rôles;
– L’ambiance conviviale et juste assez compétitive;
– Qu’il s’agisse d’un jeu accessible à une grande gamme de joueurs;
– L’interaction modérée entre les joueurs, axé sur les jetons;
– La thématique originale;
– La mécanique efficace et simple à prendre en main;
Le fait que le jeu est fluide, qu’il se joue bien et qu’on ait envie de rejouer immédiatement.

Montage Meeple Qc

On aime moins:

– Les parties à 3 joueurs;
– Le déséquilibre dans le niveau de difficulté de certains objectifs
.

On aimerait:

– Une version francophone.

Il est à noter que:

– Vous avez besoin d’un procureur qui jouera son rôle avec passion pour que le plaisir soit au rendez-vous;
– Vous devez maitriser l’anglais pour apprécier ce jeu, car il est nécessaire de savoir lire pour bien jouer. Il faut aussi bien comprendre l’anglais parlé pour la portion narration.

9/10

Voices in my head
Photo de l’éditeur

Merci à notre partenaire Asmodee de nous avoir offert
une copie du Voices in my head pour cette chronique.

Nous vous invitons à découvrir d’autres jeux de ce distributeur
en lisant notre chronique sur le jeu Jamaica

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